En Bretagne, la Fondation Abbé Pierre organise des chantiers solidaires chez des habitants qui ne peuvent prendre en charge les travaux de finition de leur domicile réhabilité. Ces travaux sont réalisés dans le cadre de chantiers d'insertion coordonnés par le service de Prévention Spécialisée de la SEA 35.
« C’est magnifique ! Je me sens enfin bien et je vais pouvoir recevoir du monde… Les personnes qui sont venues chez moi ont travaillé simplement pour m’aider, pour rien d’autre et ça, c’est vraiment extraordinaire ! »
Sylvie, 55 ans, est installée depuis 1985 dans le Morbihan, dans la maison qui l’a vue naître et dont elle a hérité. Depuis plusieurs années cependant, le domicile de l’ancienne secrétaire était insalubre.
Mise aux normes de l’assainissement et de l’électricité, réfection des sols, isolation de la toiture et du grenier… réhabilité en 2017 grâce au programme « SOS Taudis » de la Fondation notamment, le domicile situé à Saint Jean la Poterie était enfin rénové, mais les travaux de finition ne pouvaient être réalisés par la propriétaire.
« Lorsqu’on hérite, on ne se rend pas compte de tout ce qu’il y a à faire et de ce que ça coûte… en plus, avec ma scoliose, je ne peux pas faire grand-chose moi-même. C’est sûr que là, aujourd’hui, tout est fait ! Moi, je ne sais pas combien de temps ça m’aurait pris de peindre tout l’étage ! »
Nettoyage, ponçage, couches de peinture… une petite dizaine de bénévoles ont donné le coup de main nécessaire à la finalisation du chantier. Parmi eux, René, compagnon Emmaüs depuis 13 ans et Bryan, 22 ans, à la rue depuis plusieurs mois, qui a lui aussi relevé ses manches avec 2 autres jeunes dans le cadre d'un chantier d’insertion organisé par l'association "Sauvegarde de l'enfance et de l'adulte 35".
« Moi, je suis venu parce que c’est important de faire ensemble mais aussi d’être ensemble. Et puis, il faut rompre l’isolement et ne pas laisser les gens quand on peut les aider. J’espère qu’il y aura d’autres chantiers dans d’autres endroits ! En 3 jours, à dix, on a abattu pas mal de boulot et je suis vraiment fier pour le groupe, pas pour moi », précise René.
"Je préfère aider les autres, plutôt que de rester à la rue sans rien faire. En plus, j'ai appris des termes techniques et des façons de faire pendant le chantier qui me seront utiles plus tard, quand j'aurai un logement. Si je me retrouvais dans la situation de cette dame, j'aimerais qu'on fasse quelque chose pour moi... Je suis déjà sur la liste des volontaires pour le prochain chantier", précise Bryan dont la voix s'égaye lorsqu'il se rappelle le plaisir d'avoir pu se rendre utile.
Dans le cadre de son partenariat avec la Fondation, l'association s'est engagée à participer à 5 autres chantiers de rénovation. D'une durée de 3 jours, ils permettront aux jeunes en insertion de bénéficier d'un contrat de travail et d'une rémunération au Smic horaire.
Etre avec les mal-logés jusqu’au bout
Grâce à l’implication de l’assistante sociale, du maire du village qui a relogé Sylvie pendant les gros travaux, puis des jeunes, des compagnons d’Emmaüs et des salariés et bénévoles de la Fondation, ce 4e chantier solidaire a été une véritable aventure humaine et a apporté à chacun bien plus qu’il n’aurait imaginé.
Au printemps prochain, une nouvelle aventure est prévue… Aucune inquiétude pour trouver du monde et organiser un nouveau chantier solidaire !
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